communiqué
» Rendez moi ma peau animale « . Quand JeanneMarie, hydre poétique à deux têtes, invoque son incarnation, nous plongeons avec elles dans un aller-retour permanent et instantané entre notre intimité et le monde qui nous entoure. Dans ce clip, je les voulais comme face à un miroir. Aucune trajectoire n’est énoncée, aucune indication, JeanneMarie face à elle(s)-même(s), la camera ne bougera pas d’un poil tant que les dernières incantations au monde, adjurant qu’il leur rende leurs corps, n’auront trouvé écho. Et là, et seulement à cet instant, l’oeil pourra s’immiscer entre la supplique et ce qui est. Mouvements brusques de camera, tentatives vaines de lire les pensées, les voix deviennent autant de volutes floues sur l’écran qu’elles sont des litanies sonores. Pour capturer cette transformation, j’ai décidé de filmer image par image, avec une vitesse d’obturation très lente, comme pour saisir le décalage entre le geste et la pensée induit par les flous de mouvement insolés sur la pellicule. Plan séquence d’une unique pellicule, 3600 images, du noir et blanc car nous ne parlons de nos jours pas assez du gris, une seule cassure de rythme, et le travail argentique en super8 pour ce grain, de film, de peau.
– Grégory Dargent –