L’appellation usuelle de lieux intermédiaires recouvre en France une multiplicité d’espaces-projets à forte dimension artistique, initiés par des acteurs de la société civile et qui poursuivent des buts premiers autres que lucratifs, sans pour autant relever des institutions culturelles. Leur place essentielle – quoique encore insuffisamment reconnue au titre du développement culturel – appelle à une identification plus précise de ce qu’ils sont. D’autant que de nouvelles démarches, où les activités artistiques et culturelles sont plus ou moins présentes, se développent depuis peu sous le terme général et qui s’impose de plus en plus de tiers-lieux. La présente étude vise à préciser, à partir d’un ensemble de lieux intermédiaires, ce qui simultanément rapproche et distingue ces espaces-projets de la dynamique actuellement fortement valorisée des tiers-lieux.
Le corpus de travail est constitué par quelque deux cents sites Internet de lieux culturels, signataires de la charte de la Coordination nationale des lieux intermédiaires et indépendants. Son étude fait apparaître deux types de résultats. Le premier permet de préciser la morphologie spécifique de cet ensemble de lieux, néanmoins traversé par des différences notables quant à la manière que chacun a de présenter, qualifier et décliner son projet, ses enjeux et la manière de les mettre en œuvre. Pour partie, ces différences tiennent à la façon dont ces expériences ont été initiées (par quelques personnes, par une organisation déjà existante, par un collectif d’acteurs…) et par l’approche culturelle privilégiée (spectacle vivant et/ou arts plastiques, dimensions artistique et/ou sociale…). Le second type de résultats permet d’esquisser une sorte de matrice identitaire générique pour ces lieux, pourtant à chaque fois singuliers. La prégnance de l’enjeu artistique et de la question esthétique qui lui est sous-jacente, aussi bien que la question des relations avec les populations du territoire de proximité ordonnent ainsi largement l’identité collective de ces lieux. Par là, se renforce l’image d’organisations participant aussi bien aux évolutions de la place de l’art dans nos sociétés, qu’au développement de formes entrepreneuriales d’abord structurées autour des dimensions du sensible, du sens et du coopératif.
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