Édito
Cinq saisons, cinq ans de données, et un constat
Si les progrès depuis la saison 2019-2020 sont réels, ils ne suffisent plus. Nous sommes en novembre 2024 et aucun des quatre indicateurs que nous mesurons n’est, loin s’en faut, paritaire. Si l’on peut se réjouir qu’un bon nombre des programmations mettent désormais plus en avant les artistes femmes, on ne peut pas s’en contenter : la parité se mesure à l’échelle globale et sur la durée.
Or, le recul dont nous disposons aujourd’hui nous montre clairement que les indicateurs, en hausse constante pendant les trois premières années, ne progressent presque plus, stagnent voire régressent.
Une fois le constat dressé, comment agir ?
Il nous semble que la pédagogie syndicale, insufflée par l’opération annuelle du comptage, ait épuisé une partie de son utilité. Le fait que certaines données refluent d’une saison à l’autre prouve que ce n’est pas une question de temps : la parité ne va pas “finir par arriver”, un jour, par elle-même. Ces données montrent encore qu’il n’est pas question de savoir, mais de vouloir. Or, si la volonté de parité n’est pas uniformément répandue, le temps est sans doute venu de forcer la volonté, c’est-à-dire de contraindre.
Les deux options ont leurs avantages et inconvénients : l’égaconditionnalité frappe directement au portefeuille là où l’égapolitique frappe sur la durée d’un mandat en engageant la responsabilité des directions devant l’ensemble des partenaires (État, collectivités, salariés) ; l’égaconditionnalité pourrait fragiliser les enveloppes déjà maigres du soutien à la création là où l’égapolitique pourrait empêcher qu’une direction soit renouvelée ou attribuée en cas de non atteinte des objectifs paritaires lors du précédent mandat.
Le Conseil national poursuivra très vite ce débat afin d’élaborer un consensus et d’avancer, unies et unis, dans la voie choisie. Le comptage annuel, qui va se poursuivre, sera repensé méthodologiquement : après 5 ans, des
ajustements sont nécessaires pour disposer de nouvelles données consolidées.
Nous souhaitons que ce changement de cap syndical, de la seule pédagogie à la contrainte pédagogique, porte rapidement ses fruits. L’analyse des chiffres que nous réalisons dans ces pages devrait convaincre les plus réticentes et réticents de la pertinence de ce changement.
En parallèle, nous profitons comme l’an passé de cette publication pour ap- porter des éléments complémentaires d’étude : analyse des aides déconcentrées, situation du secteur musical, lien entre genre de la direction et parité dans les programmations…
Enfin, le Syndeac est fier d’annoncer qu’il sera le premier syndicat d’employeurs du secteur à proposer, dès 2025, une formation à la lutte contre les discriminations ethno-raciales dans le spectacle vivant