autoportrait
La scène se passe dans un café strasbourgeois, un pub de Hull, un porche du Delta… un lieu de hors temps ou peut-être de tous temps, à portée de courants rhénans croisant ceux de la Mitteleuropa, voisin d’un Northern estuaire tourné vers l’Océan ou des sudistes méandres qui enveloppent la Highway 61… au-delà des contextes et des époques, tout est affaire de silhouette, de la manière dont celle-ci habite l’instant, lorsque les mots s’installent dans l’écho des brouhahas antérieures.
Avec l’élégance de l’authenticité, la silhouette de Prokop incarne la musique qu’elle charrie. Ainsi, pour accompagner les mots qu’il pose dans la conversation, ses gestes s’accordent-ils naturellement au rythme intérieur, vif ou contemplatif, qui traverse ses chansons. Des mots qui s’ancrent au plus près des pensées qui traversent son regard, déclinant au fil des phrases la sincérité qui signe un songwriting soigné et intimement kaléidoscopique – quitte à sauter d’une langue à l’autre pour passer de la spontanéité à l’écriture. On songe qu’il est d’ailleurs probable que l’instant partagé nourrisse les pages manuscrites du récit que son répertoire fragmente à travers cette généreuse série de quasi-nouvelles à chanter.
C’est sans doute que la musique de Prokop n’est jamais détachée de la vie ; la sienne, la nôtre, celle que nous traversons en commun.