ÉDITO
Les inégalités d’accès à la culture reviennent au premier plan des priorités affichées par la nouvelle ministre de la Culture. Après la création du « pass Culture » destiné à solvabiliser la demande culturelle des jeunes, quelles initiatives pourraient faire franchir un nouveau cap à l’ambition de démocratisation culturelle ? De nouvelles
revendications apparaissent autour de la volonté des publics éloignés des institutions culturelles d’être davantage pris en compte, écoutés mais surtout partie prenante de la vie culturelle comme acteurs et pas seulement comme consommateurs. Comment les institutions culturelles peuvent-elles intégrer la demande participative ?
Une nouvelle ambition de la « culture pour tous » peut-elle s’affirmer dans une démarche inédite visant à éviter aussi bien l’élitisme que le consumérisme culturel ?
La notion de « droits culturels » intervient ici comme une référence utile, déjà mise en avant par certaines municipalités. Cette notion, encore peu familière, reste difficile à cerner. Elle est pourtant présente dans notre droit depuis près de 10 ans, sans que sa portée pratique soit encore bien établie. De fait, son entrée dans la loi s’est faite de manière confuse, en partant d’une approche de principe plutôt qu’en fonction d’un projet de politique publique.
Pourtant, aussi vague et discutée que soit la notion, l’affirmation de « droits culturels » peut renouveler en partie la politique culturelle, notamment en renforçant la politique des publics. Celle-ci renvoie à l’ensemble des dispositifs déployés par les institutions culturelles publiques pour toucher les publics dits « empêchés » ou les
non-publics (ceux qui ne fréquentent jamais les musées, théâtres etc.). Malgré une impression de sur-place de l’action culturelle, la variété des projets mis en place pour sortir des formes traditionnelles de programmation reste trop méconnue. Plusieurs initiatives expérimentales mériteraient sinon une généralisation, du moins une large diffusion. Mais à condition que les « droits culturels » ne servent pas à contester la liberté de création et de programmation, qui doivent rester des principes cardinaux d’une politique publique de la culture.